Très jeune, mon caractère solitaire m’avait naturellement poussé vers les crayons et les stylos. A cette époque, je dessinais tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi, en essayant tant bien que mal de reproduire ce que je voyais. Ou ce que j’inventais. C’était mon passe-temps favori et je trouvais là un plaisir simple que seuls les livres pouvaient m’apporter : faire travailler mon imagination.
Tout au long de ma scolarité, le dessin était toujours présent mais tout le reste prenait de plus en plus d’importance dans ma vie et la possibilité d’en faire un métier ne m’avait jamais effleuré l’esprit. L’idée a commencé à prendre forme bien plus tard, après deux années de fac, lorsque j’ai découvert quelques écoles d’art de ma région.
Suite à quatre années d’étude dans l’une des écoles d’art de Bordeaux, j’avais des rêves pleins la tête et l’espoir de faire carrière dans l’illustration digitale. J’avais également acquis des notions de peinture dont je ne pensais pas me resservir.
En parallèle, mon amour des livres me poussait à écrire, parfois sans réel but, mais ce n’était pas suffisant et quelque chose d’autre me manquait toujours cruellement.
Le concret. L’objet. La matière.
Les outils numériques sont formidables mais avoir un objet en main est aussi très plaisant.
Une toile posée sur son chevalet a un certain charme, ce qui explique aussi mon logo.
En peinture ou dans d'autres disciplines, modeler la matière a un petit côté magique.
Il m’a fallu du temps pour comprendre que créer des dessins via mon stylet et ma tablette graphique ne me suffisait plus. J’avais besoin de m’exprimer plus pleinement, plus largement, que se soit pour aborder des sujets qui me tiennent à cœur ou pour développer mon sens de l’esthétique. Le besoin de création est parfois difficile à cerner. Quant au métier d’artiste peintre, je le pensais réservé à des gens à part et de ce fait, l’idée de me lancer sérieusement dans la peinture a elle aussi mit du temps à se formuler.
Mais une fois dans un coin de ma tête, elle s’est mise à germer et à s’imposer, avec de plus en plus d’insistance au point que je me lance dans mes premières toiles sans réellement savoir où j’allais. Aujourd’hui je sais où je vais, et avec quel médium. Je sais ce que j’aime et ce que je veux faire. Créer, partager, et pourquoi pas, faire naître des émotions !
Car en vérité le cœur du travail créatif est là. Dans l’émotion.
Le figuratif est naturellement attractif aux yeux de tout un chacun parce que notre regard est généralement attiré par les formes que nous reconnaissons. Avec le temps et les années, d’apprentissage ou non, j’ai appris à aimer l’art abstrait que j’avais du mal à comprendre. Aujourd’hui, j’essaie de marier au mieux ces deux visages de la peinture contemporaine qui, parfois, quand le bon équilibre est au rendez-vous, se complètent l’un l’autre.
C’est dans cet équilibre précaire que réside l’essentiel de mon travail.
Un équilibre que j’associe aux zigs. Ce mot n’existe pas seul en français, je l’ai coupé de son zag pour désigner les motifs récurrents présents sur chacune de mes toiles. Ils sont la synthèse de mon amour des livres et de mon amour des images. Ils sont un labyrinthe qui soutient tout le reste. Les couleurs. La matière. Les textures. La lumière. Les proportions. Le cadrage. Les points…
Tout ça forme un langage visuel.
Tout ça, c’est pour faire parler la toile.
Et j’espère que vous l’entendrez.