Nous avons tous des couleurs qui nous parlent plus que d’autres. En un mot comme en cent, nous avons tous une couleur préférée. Les raisons de cette préférence sont la plupart du temps très diverses et parfois complexes donc je ne vais pas m’étendre sur le pourquoi de cette préférence mais je vais tout simplement écrire ceci : le bleu est ma couleur préférée. Ainsi donc, j’ai décidé de lui consacrer mon premier article sur les couleurs (le noir et le blanc étant un peu à part).
À présent que cette information est divulgâchée, nous pouvons donc commencer à parler de cette couleur et de ses petits secrets.
Le bleu fait partie des trois couleurs primaires avec le jaune et le rouge. Pour rappel, une couleur primaire est une couleur “fondamentale”, ce qui signifie qu’elle ne peut pas être créée à partir d’un mélange contrairement aux couleurs secondaires et tertiaires. Cela paraîtra basique à certains mais il est parfois bon de faire ce genre de rappel. Ceci dit, même si le bleu fait partie des trois couleurs primaires, il est relativement rare au sein de la faune et de la flore. Dans la nature cette couleur est très présente bien évidemment puisque c’est la couleur du ciel et celle de l’eau donc on la retrouve régulièrement dans nos paysages. Cependant, et paradoxalement, le bleu est assez peu représenté par rapport au vert omniprésent, au jaune éclatant ou au rouge menaçant. Je parle ici de faune et de flore, entendons-nous bien. Certains animaux ou certaines plantes comportent du bleu dans leurs couleurs mais ces spécimens sont assez peu nombreux (moins de 10%) comparativement à l’ensemble du vivant. Je ne vais pas me lancer dans une analyse approfondie de cet état de fait mais il me semblait intéressant d’évoquer cette information avant d’aller plus loin.
Tour d’horizon
Le bleu était une couleur plutôt rare si l’on remonte dans le temps de quelques millénaires car peu nombreux étaient les matériaux qui permettaient de l’obtenir. En Egypte ancienne, c’est la couleur du dieu du ciel, Amun. C’est la couleur du manteau du dieu Odin, ase suprême de la mythologie scandinave. C’est également la couleur que l’on associe à la Vierge Marie (le “lys bleu”) dans la religion catholique ou même à Jésus lui-même lorsqu’il délivre la Bonne Nouvelle. En Chine, les fleurs, les yeux, les rubans et les tissus rayés de bleu étaient considérés comme des choses affreuses et source de malheur.
Ses forces
Comme pour beaucoup de choses de la vie, le bleu comporte son lot de côtés positifs. En effet, c’est une couleur apaisante, censée favoriser le calme, renvoyant au bien-être et facilitant la méditation. Elle dégage une impression de sérieux et inspire confiance. On l’associe aussi à la fraîcheur et à la pureté ou même à l’intelligence. Dans la religion elle est synonyme du divin. Plus généralement elle symbolise le spirituel. Pour quelles raisons exactement nous évoque-t-elle autant de notions ? Loin de moi l’idée d’éclairer ce mystère mais c’est dans les grandes lignes de cette manière qu’on la décrypte dans toutes les recherches que j’ai pu faire. Cela vient peut-être en partie du temps où elle était la couleur de la royauté, du moins en France. Ou bien à cause de sa surreprésentation dans les domaines de la sécurité (police, marine, assurances, casques bleus, etc…), de la finance (banques, etc…) ou de la technologie un peu partout dans le monde ? Ou parce qu’on l’emploie pour personnifier les intelligences artificielles ? Ou peut-être parce qu’étant la couleur du ciel et de la mer, on y associe quelques-unes des idées précédemment citées. Mais les explications derrière toutes ces associations d’idées importent peu, in fine, puisque le bleu fascinait déjà par le passé et fascine toujours autant aujourd’hui.
Ses faiblesses
Bien qu’elle soit plutôt appréciée et même recherchée, la couleur bleue comporte tout de même quelques failles. Elle fait notamment partie des couleurs froides et est parfois perçue comme trop froide. Il est vrai que le bleu est la couleur la plus froide du cercle chromatique étant la seule couleur primaire à l’être (froide) contrairement au rouge et au jaune. Elle peut aussi représenter la mélancolie, probablement parce qu’elle nous pousse à la réflexion et à l’introspection. Notons qu’on l’associe aussi au repli sur soi ou à l’introversion, deux comportements souvent perçus négativement dans nos sociétés modernes. Enfin, elle est associée au vide dans ses déclinaisons les plus sombres, un vide infini et glaçant comme celui de l’espace ou des profondeurs.
Après ce décryptage relativement succinct des diverses notions associées au bleu dans sa globalité, il serait intéressant de se pencher sur les nuances les plus emblématiques de cette couleur. Je ne vais pas passer en revue toutes les nuances de bleu, rassurez-vous, juste celles qui me parlent le plus. Ainsi donc, allons-y.
Bleu turquoise
Si je devais avoir une nuance préférée parmi toutes celles que compte le bleu, celle-ci arriverait en tête dans ses versions les plus claires (ex aequo avec le bleu nuit/bleu marine car oui, j’aime les extrêmes et accessoirement les contrastes). C’est une teinte vive et fraîche, bien moins passive que la plupart des nuances bleues. J’entends par là qu’elle accrochera l’œil et l’attention du quidam moyen bien plus aisément que si on la remplaçait par un bleu plus neutre, comme le bleu phtalo par exemple. Elle est associée au changement ou au renouveau sur le plan spirituel et à l’évasion ou au voyage sur le plan matériel. On devine aisément pourquoi : en un mot, lagon…
Bleu nuit et bleu marine
Alors oui, les puristes me diront que ces deux couleurs ne sont pas exactement les mêmes et ils auront entièrement raison. Le bleu nuit est un bleu foncé neutralisé par sa couleur complémentaire (orange) tandis que le bleu marine est simplement un bleu assombri par du noir (ou du gris de payne). Certes, mais je trouve tout de même ces deux teintes suffisamment proches l’une de l’autre pour les réunir l’espace d’un instant au sein de cet article (c’est mon blog après tout). Le bleu nuit évoque le cosmos et, sans grande surprise, la nuit (incroyables les coïncidences parfois). Le bleu marine quant à lui aura autant tendance à évoquer les fonds marins, les marins eux-mêmes que le calme et la sérénité (des fonds marins… les coïncidences vous dis-je). Bref, c’est deux teintes sont très proches pour moi car elles font référence à des symboliques différentes et pourtant étrangement similaires : le silence du cosmos pour le bleu nuit et le silence des grands fonds pour le bleu marine. Ces deux teintes, plutôt formelles, évoquent le mystère, l’inconnu et l’infini.
Bleu ciel
C’est un incontournable parmi les teintes bleues, notamment à cause de son omniprésence dans notre vie de tous les jours. Difficile en effet d’ignorer cette couleur si particulière par temps clair puisqu’elle nous surplombe dès lors en permanence. Couleur contemplative par excellence, le bleu ciel peut être à la fois très doux lorsqu’il est clair que vibrant lorsqu’il est plus saturé. Son énergie est plutôt basse étant donné que c’est une teinte apaisante mais son symbolisme est élevé puisqu’il évoque autant l’air que le ciel. Cette nuance est la meilleure alliée de la méditation et symbolise une reflexion apaisée.
Bleu acier
Cette teinte a longtemps été ma préférée. Elle est dure, très froide et sans concession. Ce qui n’est pas étonnant puisque le gris qui la compose exacerbe la froideur du bleu. Pourtant, parmi toutes les nuances de bleu qui existent (et Dieu sait qu’elles sont Légion), le bleu acier sera toujours solennel, voire sévère, tout en inspirant une impression de force et de solidité. D’immuabilité même peut-être. C’est une couleur qui s’harmonise aisément avec la plupart des tons chauds avec une préférence pour les jaunes et les oranges, comme la plupart des bleus me direz-vous, mais comme le gris se joint à la partie cette harmonie s’en trouve renforcée.
Je pourrais continuer encore longtemps tant il y a de choses à dire sur n’importe quelle couleur, pas seulement le bleu, mais cet article est déjà bien assez long et au final en rajouter des couches deviendrait lassant et redondant. Cependant, il me reste une dernière petite chose à aborder ici.
Les sons
Dans mon article sur le noir et le blanc, j’ai comparé ces deux non-couleurs à des sons à la toute fin sans plus d’explications de ma part. Or, je pense que cela mérite un petit éclaircissement. Les couleurs peuvent parfois être déroutantes ou intimidantes dans leurs symboliques complexes, leurs multiples nuances, ou l’effet qu’elles exercent sur nous. J’entends par là que certaines couleurs sont relativement passives pour l’œil tandis que d’autres sont beaucoup plus agressives. C’est une longue liste de ressentis et de notions qui peut nous traverser lorsque nous sommes confrontés à l’une d’entre elles mais cette liste se rallonge d’autant plus si l’on commence à les combiner entre elles, les nouvelles associations ainsi créées faisant naître à leur tour des niveaux de lecture inédits. Bref, il est facile de s’y perdre parfois, avec ou sans migraine. Depuis quelques années maintenant, j’ai pris l’habitude d’appréhender ces mêmes couleurs un peu différemment. J’aime toujours autant creuser leur symbolique, leurs déclinaisons et tout le reste, mais j’ai aussi pris l’habitude de me poser une simple question en les contemplant : quel son se dégage de cette couleur ? Cela peut paraître surprenant ou même farfelu, c’est certain, mais c’est une question qui ne manque jamais de me faire sourire en y réfléchissant. Parce que cette approche me force à les considérer autrement, d’une façon que l’on ne m’a pas enseigné et qui n’est relayée dans aucun livre que j’ai pu lire.
Ainsi, si pour moi le noir est un murmure persistant et le blanc un cri chantant, le bleu (qui englobe toutes ses nuances) serait une berceuse symphonique aux multiples tonalités, tantôt douce et rassurante, tantôt grave et nimbée de mystère. Je pourrais imaginer un son pour chaque nuance s’il le fallait et donc donner une sonorité à chacune des tonalités précédemment évoquées mais non. Il faut savoir s’arrêter.
Citons quelques artistes et concluons dans la foulée de peur de finir par vous ennuyer. Tout d’abord Yves Klein et son bleu caractéristique, David Hockney et ses piscines, Geneviève Asse enfin et ses toiles aux teintes subtiles. Si vous êtes arrivé jusqu’ici et que vous lisez ces derniers mots, toutes mes félicitations ! Vous êtes non seulement curieux mais aussi probablement patient. À bientôt pour le prochain article !