Le noir et le blanc

Il serait bon de préciser à nouveau et rapidement, par ce court préambule, que les articles de ce blog n’ont pas pour vocation d’établir des vérités universelles ou de se revendiquer d’une quelconque autorité. Comme évoqué dans mon premier article, j’aime tout simplement écrire sur divers sujets liés de près ou de loin à mon activité et j’espère seulement que quelques personnes aimeront me lire. Rien de plus. Ce fut bref, n’est-ce pas ?

Introduction

Les couleurs, au-delà de leur infinité, sont surtout une donnée constante de nos vies. Que ce soit dès notre petite enfance jusqu’à nos vieux jours, elles occupent une place non négligeable au sein de notre quotidien. Partout, tout le temps, elles font partie intégrante de notre champ de vision et sollicitent en permanence notre attention. Elles sont bien évidemment d’autant plus présentes dans le quotidien d’un ou d’une artiste et c’est la raison pour laquelle je souhaite en parler dans ce blog. Cependant, je n’aime pas faire les choses comme tout le monde et puisque j’ai une certaine tendance à aimer la contradiction, ce premier article sur les couleurs sera consacré au noir et au blanc. Ahem. Alors oui, on pourrait me dire que ce ne sont pas réellement des couleurs et je pourrais faire un trait d’humour sur le fait que je ne suis pas la seule à aimer la contradiction, mais plus sérieusement je considère que si, au même titre que le rouge ou le vert, le blanc et le noir sont des couleurs à part entière. Elles sont à part tout court, également.

En science, au sein du spectre lumineux, le blanc est la somme de toutes les couleurs tandis que le noir est l’absence totale de ces mêmes couleurs. Effectivement c’est ce que l’on nous apprend à l’école et c’est, ma foi, fort intéressant parce que dans cette optique, le noir et le blanc ne sont pas des couleurs au même titre que le rouge, le vert, le bleu, etc… Cependant ce blog ne traite pas de science, nous allons donc mettre de côté cette définition du noir et du blanc. Attention, ce n’est ici pas une contradiction ou une quelconque remise en question. Ce n’est tout simplement pas ce qui nous intéresse dans cet article.

Image par Jaqueline Lina de Pixabay
De valeurs à couleurs

Les peintures en noir et blanc (aussi appelées valeurs de gris) font de parfaites études sur la lumière ce qui les rend par conséquent très utiles pour étudier la composition d’une image. En effet, les zones de clarté et les zones d’ombre synthétisent souvent la composition générale. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles on les utilise puisque, lorsque l’on plisse les yeux, cette même composition nous apparait très clairement. Cet usage du blanc et du noir n’est pas étonnant puisque ces deux valeurs sont, symboliquement et chromatiquement, la représentation picturale de la lumière et des ténèbres. Même si nous ne parlons pas de science, la notion de lumière est indissociable du blanc ou du noir. Pourtant, un artiste peut tout à fait décider que cet arbre d’ordinaire marron et vert, sera entièrement noir, blanc ou gris si cela sert le message qu’il veut faire passer. C’est un choix qui lui est propre et qui annule, de fait, la fonction toute désignée de ce noir, à savoir assombrir les couleurs pour indiquer les zones d’ombre. Dans ce cas de figure, le noir devient une couleur à part entière et non plus la valeur la plus basse sur l’échelle de la lumière. Nous pouvons donc considérer le noir ou le blanc comme des couleurs pour la simple et bonne raison qu’en peinture, elles peuvent être appliquées sur la toile pour elles-mêmes et non pour leur utilisation première citée plus haut.

Mais l’intérêt du noir ou du blanc ne se résume pas à l’application d’une simple couleur. Il va au-delà de cette seconde utilisation. Leurs valeurs respectives, la plus claire pour le blanc et la plus foncée pour le noir, attirent naturellement notre œil qui est très sensible aux contrastes. Sous leur statut de couleurs à part entière, cet attrait est décuplé. Rien n’est plus efficace pour nous interpeler qu’une inscription noire sur un support blanc. Cela est aussi vrai pour une inscription blanche sur fond noir bien que ce cas de figure soit moins fréquent. Quoi qu’il en soit, notre premier réflexe sera toujours de lire cette même inscription immédiatement, sans même y penser.

Ces deux couleurs font partie intégrante de notre histoire. Que ce soit au travers des estampes, des lettres manuscrites, des journaux ou des livres, il est toujours question d’un support le plus souvent blanc sur lequel on appose une encre noire. C’est un duo intemporel qui est gravé non seulement dans notre mémoire, mais aussi dans notre inconscient. Cependant, que représentent le noir ou le blanc ? Quelle est leur symbolique propre ?

Image par Alan Frijns de Pixabay
Symbolique du noir

Le noir est la couleur du deuil, du moins en occident. C’est aussi l’élégance (chic), l’austérité et l’oubli. En Europe surtout, on a tendance à la considérer comme une couleur négative et pourtant, certains considèrent que c’est de son obscurité que jaillit la lumière, d’où son importance. C’est la couleur la plus paradoxale qui soit puisqu’elle est à la fois le début (au commencement, tout n’était qu’obscurité) et la fin (la mort ou le vide). A notre époque et dans la mode, le noir est la couleur chic par excellence quand pourtant, symboliquement, c’était autrefois la négation de la vanité ou du luxe (soutanes noires). C’est la couleur du yin en chine, de la mort, mais aussi celle de l’honneur. Toujours en orient, le noir est la couleur des divinités effrayantes et c’est également celle du Diable ou des démons en occident. A contrario, une terre noire sera toujours considérée comme bénéfique car fertile. Bref, le noir est très ambivalent et il nous fascine depuis fort longtemps. Pour ma part, je considère le noir comme un murmure persistant qui nous séduit patiemment.

Symbolique du blanc

Le blanc est la couleur qui n’en est pas encore une (la page blanche). Il incarne la pureté, ce qui peut sembler logique puisque tel quel, rien n’entache son éclat. C’est aussi l’élégance (raffinée), au même titre que son opposé. Dans certaines religions, le blanc est symbole non seulement de pureté mais aussi de vérité (toge blanche). C’est la couleur de l’innocence, du possible et du souvenir. Toutefois il a aussi, tout comme le noir, son lot de paradoxes puisqu’il évoque lorsqu’on l’observe sur nos semblables la pâleur de la mort. Après tout, dans de nombreuses cultures, les fantômes ont généralement un aspect blanchâtre. Dans un registre plus superstitieux, rêver d’un cheval blanc est, dit-on, un mauvais présage. Enfin, en chine, c’est la couleur du yang et celle du deuil. Le blanc a tout de même quelques zones d’ombre et à ce titre, tout comme le noir, c’est une couleur à part. Personnellement, je le vois comme un cri chantant qui nous envoûte inexorablement.

A noter :

Quelques artistes célèbres en lien avec l’article : Kasimir Malevitch qui travaillait aussi avec le noir et le blanc, Jackson Pollock qui travaillait le noir sur blanc par son dripping, Mark Rothko qui a travaillé sur une série dédiée (black paintings), Pierre Soulages qui ne travaillait que le noir et Keith Haring qui travaillait entre autres le noir sur blanc.

Cependant il ne faut pas oublier pour clore cet article que les couleurs appartiennent à tout le monde. Ce que nous percevons en elles peut être radicalement différent selon les personnes, les continents ou les époques. Libre à vous de ressentir les couleurs autrement bien évidemment !

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